Le Cirque des horreurs
REALISATEUR: Sidney Hayers // GENRE: horreur, thriller // SORTIE: 1960
Se déroulant dans l’univers forain, “Le Cirque des horreurs” a tout de la petite production typique des années 1960: une intrigue haute en couleurs qui, si elle n’est pas des plus crédibles et traine parfois en longueur, se révèle toutefois plein de charmes surannés. A commencer par son acteur principal, Anton Diffring, qui incarne à merveille un chirurgien esthétique, le Professeur Rossiter, dangereux mégalomane doublé d’un invétéré séducteur, qui aurait sa place dans le panthéon des méchants cinématographiques. Son regard bleu glacial, ses tenues élégantes, la canne dont il use si nécessaire pour remettre à l’ordre son entourage donnent au personnage toute sa morgue.
Mais revenons à l’intrigue: le Prof Rossiter a mis au point un procédé de chirurgie plastique révolutionnaire qui permet de refaire à la perfection les visages mutilés de ses patients·es. Un jour, l’une de ses interventions échoue par accident et Rossiter se voit contraint de fuir en France avec ses deux complices pour échapper à la police. Là, la chance lui sourit. Il rencontre un directeur de cirque désabusé et à moitié alcoolique (joué par Donald Pleasence) dont la fille a été défigurée par un accident. Grâce à une opération réussie, Rossiter rend sa beauté à la jeune fille et convainc son père de lui vendre le cirque familial qui périclite depuis un moment. Le pauvre ne verra jamais le fruit de la transaction: attaqué par l’ours du cirque, il appelle Rossiter au secours mais ce dernier, après quelques secondes d’hésitation, préfère l’abandonner à son triste sort.
Rossiter change alors de nom et devient Dr. Schüler. Sous ce pseudonyme, il réussit à faire du cirque l’un des plus grands et prestigieux d’Europe, se refaisant ainsi une respectabilité. C’est là que les choses se corsent... Schüler a en effet bâti son empire forain sur le recrutement de jeunes femmes mutilées et/ou de mauvaises moeurs dont il a restauré la beauté grâce à son scalpel. S’il leur donne une deuxième chance, il les tient aussi sous sa coupe, les obligeant à travailler pour lui. Si l’idée leur vient de vouloir quitter la troupe, Schüler n’hésite pas à s’en débarrasser froidement. Le cirque connaît ainsi un nombre anormal d’accidents, c’est ce qui finit par attirer l’attention de la police.
Dans cette deuxième partie, presque entièrement en huis clos, on plonge dans l’ambiance colorée du cirque, relevée encore par la chanson phare du film, la très easy listening "Look for a Star". Mais on y suit surtout les manigances de Schüler. Le chantage qu’il exerce sur les filles qu’il a recrutées lui permet certaines libertés. Les numéros de cirque alternent avec des apartés érotiques qui sont l’occasion de scènes dénudées, ce qui constituait l’un des arguments du film à sa sortie (il était interdit aux moins de 18 ans...). Les numéros que les belles captives réalisent en tant qu’acrobates à cheval, funambules, cibles d’un numéro de lanceur de couteaux, basculent rapidement du grandiose au tragique. C’est en effet à ces moments-là que le complice de Schüler, le pauvre Martin (avec sa soeur Angela, il est entièrement à la botte de Schüler), se livre aux sabotages qui précipitent les filles vers une mort affreuse.
La carrière de Schüler, qui se voyait déjà prix Nobel de médecine, sera finalement contrariée par un journaliste un peu trop curieux, qui fera usage de son autorité pour séduire - décidément une constante du film - l’une des belles comédiennes…